Destruction imminente de la Maison Folliet et de son jardin riche en biodiversité

Suite et fin des actions menées après permis de construire au 42 et 44 rue Jean Girard Madoux à Chambéry dans l’espoir de conserver le jardin, petit poumon vert, faisant partie intégrante de la trame verte du secteur.

Lecteurs, lectrices, passants, passantes, habitants, habitantes, si tu souhaites agir et aider le collectif, alors quand le jardin se fera raser ces prochains jours de septembre 2025, filme, photographie arbres, oiseaux, petits mammifères, lézards, papillons etc… apeurés ou mort. Envoie les à l’adresse sauvegardons-les-fruitiers(arobase)mailo.com, nous pourrons ainsi faire un signalement auprès de la police de l’environnement, l’Office Français de la Biodiversité. Il ne restera plus rien de la maison de la famille Folliet de renom, de la salle de torréfaction et d’ensachage du café ainsi que du jardin centenaire riche en diversité établie depuis des générations.

Résumé des épisodes précédant janvier 2024, date de rédaction du premier article sur ce sujet

A la vue du panneau de permis de construire en mars 2023, un groupe d’habitant, rattaché au collectif Madoux- Jaurès s’est renseigné auprès du service urbanisme de la ville : 2 résidences vont prendre lieu et place de la maison Folliet et de son jardin centenaire au 42 et 44 de la rue Jean Girard Madoux à Chambéry.

Ce groupe d’habitant a essayé d’échanger avec l’élu à l’urbanisme, service compétent pour délivrer les permis de construire et EDIFIM, le promoteur. Ces échanges ont eu lieu mais les interlocuteurs restent dans le déni qu’une construction sorti d’une page blanche d’architecte sans maintenir un minimum la végétation existante soit une atteinte à l’environnement et accélère le réchauffement du quartier et cela malgrè une pétition qui a récolté plus de 500 signatures et des envoies de recours gracieux.

Que cela ne tienne, 5 propriétaires considérant que cette future construction leur portera préjudice, se sont lancé dans un recours au contentieux au tribunal administratif. Il conteste la délivrance du permis de construire et demande l’annulation. La première phase est la négociation afin d’éviter le jugement.

Entre temps en septembre 2023, le voisinage a découvert qu’une famille d’écureuil roux, une espèce protégé par la loi, fréquente ce jardin. Une association de défense de l’environnement a été interpellé.

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Chambéry passe en zone tendue au décret publié le 26 août 2023 du faîte qu’il existe une tension entre l’offre et la demande de logements. Le décret rend les règles plus faciles pour l’accès au logement.

Abattage d’un prunier et du pommier du jardin dans lequel se nourrissaient les écureuils. Signalement fait à l’Office Français de la Biodiversité, sans réaction.

Les avocats du groupe des propriétaires dit les requérants, de Edifim, le promoteur et de la mairie de Chambéry, négocient en s’envoyant mutuellement des arguments et contre-arguments. Ils se reposent uniquement sur des éléments d’urbanisme, le PLUiHD, le Plan Local d’Urbanisme intercommunal Habitat et Déplacement qui fait foi. De plus, la maison en question se trouve dans une OAP sectorielle (Orientations d’Aménagement et de Programmation) n°107 ancien internat de Vaugelas qui défini des actions et conditions d’aménagement plus qualitatives.

Les requérants mettent à la charge une somme de 6000 euros de préjudice. La ville de Chambéry et Edifim entendent répliquer en demandant respectivement 2000 et 6000 euros aux requérant-es.

Quelques arguments et contre-argument compréhensible pour un-e citoyen-ne ordinaire

  • Dépassement du bâtiment de 60 cm env. au-delà de la limite parcellaire, surplombant le domaine public
  • Le calcul du coefficient de biotope et de pleine terre doit se faire sur l’ensemble des parcelles concernées. Edifim ne l’a fait que sur une parcelle.
  • Hauteur annoncé R+5 et R+4 mais vu de l’ouest Hauteur + 7, +6 dépassant ce qui est autorisé dans l’OAP avec une entrée non souterraine du parking
  • Le projet prévoit une densité équivalant à 234 logements par hectare alors que l’OAP prévoit 100 logements par hectare.
  • L’illégitimité des requérantes à réaliser un recours contre le permis de construire pour défaut d’intérêt pour agir
  • La hauteur des bâtiments est correct depuis la rue Jean Girard Madoux
  • La densité de logement doit être calculé sur l’ensemble de la surface de l’OAP n°107.

Edifim a fait des modifications au permis initial concernant le dépassement de 60 cm et le calcul de coefficient de biotope et de pleine terre pour régulariser ces points.

La faune a été recensé dans le jardin au 44 rue Jean Girard Madoux. Pas moins de 16 espèces protégées par des arrêtés ont été observées.

  • Roitelet triple bandeau (Regulus ignicapilla) (enregistrement sonore)
  • Mésange charbonnière (Parus major) (enregistrement sonore)
  • Mésange bleue (Parus caeruleus) (enregistrement sonore)
  • Mésange huppée (Parus cristatus)
  • Serin cini (Serinus serinus) (enregistrement sonore)
  • Verdier d’Europe (Carduelis chloris/Chloris chloris)
  • Moineau domestique (Passer domesticus) (photos et enregistrement sonore) 3 couples nicheurs avérés sous le toit et corniche de l’immeuble au 42 rue Jean Girard Madoux, présente aussi en bout de haie de thuya.
  • Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla) (enregistrement sonore)
  • Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros)
  • Rouge-gorge familier (Erithacus rubecula) (enregistrement sonore)
  • Troglodyte mignon (Trogodytes troglodytes) (enregistrement sonore)
  • Grimpereau des jardins (Certhia brachydactyla) (enregistrement sonore)
  • Epervier d’Europe (Accipiter nisus) en chasse dans le jardin (photo)
  • Ecureuil roux (Sciurus vulgaris)
  • Chauve-souris (chiroptère)
  • lézard des murailles (Podarcis muralis)

L’application de reconnaissance de chant d’oiseau comme Merlin Bird a été très utile. Ces observations ont été toutes intégrées dans Naturalist. C’est une application en ligne accessible à tous et toutes et qui est validé par une association de défense de l’environnement, la LPO. En cas de litige, l’association peut être interpellé et peut éditer la liste des espèces protégées d’un site. Il est donc important en tant que citoyen d’agrémenter les données sur Naturalist.

Le jugement a lieu après un report de date afin de remanier l’équipe des juges. Le tribunal administratif a reconnu qu’il n’a pas lieu de mettre à charge les sommes demandées ni par les requérantes ni par la défense. Les requérantes sont légitimes à avoir déposer un recours au contentieux.

Les irrégularités régularisées par une modification du permis de construire en avril 2024 par Edifim et délivré par la mairie de Chambéry ne peuvent plus être utilement invoquées à l’appui d’un recours.

Quant aux points liés à l’OAP n°107, le projet doit être compatible aux orientations fondamentales et pas obligatoirement conforme à l’OAP. Ce qui laisse une souplesse de l’analyse du juge administratif dans la mise en œuvre des OAP. Dans cette audience, le juge a retenu les contre-arguments d’Edifim.

Le jugement a rejeté le recours demandant l’annulation du permis de construire. Edifim pourra faire construire les résidences.

L’avocat des requérantes a proposé d’interpeller une association de défense de l’environnement pour porter un autre recours celle ci basé sur l’atteinte à l’environnement, destruction d’habitat d’espèces protégés.

Le mot des requérantes suite au rejet de leur recours par le tribunal administratif de Grenoble ici et le contenu du rapport du tribunal ici.


S’il est possible pour un-e citoyen-ne qui est en désaccord avec une décision d’une administration de porter un recours aux contentieux, il en est autrement pour un recours concernant l’environnement, la biodiversité, la nature qui subissent un préjudice. Ces éléments n’ont pas de personnalité juridique. Seuls sont alors habilités les inspecteurs de l’environnement de l’Etat tel que l’OFB et les associations de défense de l’environnement pour constater une infraction et justifier d’un intérêt à agir par une action en justice.

Au vu de ce dossier, les 2 associations interpellés (LPO et FNE) ont émis le risque important qu’un jugement en justice de cette nature ne puisse pas aboutir et ne souhaitent pas s’engager dans la procédure.

Toutefois, La LPO ayant déjà établi des liens avec EDIFIM dans une autre affaire souhaite bien négocier avec eux afin de proposer des mesures compensatoires. En effet, la destruction d’espèces et de son habitat constitue un délit puni de trois d’emprisonnement et 150 000 € d’amende en application du L. 415-3 du code de l’environnement.

Rencontre de la LPO avec Edifim dans le jardin au 44 rue jean Girard Madoux. La LPO a fait des propositions de compensations, vu qu’aucun végétal constituant des habitats de la faune n’est conservé.

Enfin une réponse d’Edifim qui ne conçoit peu d’effort. Voici les réponses, écrites directement dans le mail que la LPO leur a envoyé:

  • au point A/ 1. :
    Les essences prévues dans les haies sont variées : ribes alpinum et ribes nigrum, les arbres plantés seront composés de Cornus mas, Crateagus monogyna, Malus everest, Prunus avium plena, Sorbus aucuparia. (traduction : essentiellement des petits arbustes fruitiers, aubépine, groseillier, pommier…)
  • au point A/ 2. :
    Les gazons semés seront des gazons fleuris.
  • au point A/ 3. et 4. :
    Nous demanderons au syndic qui gèrera la copropriété de laisser en place le tas de feuilles et bois mort.
  • au point A/ 5. :
    La végétalisation prévue en toiture des 2 bâtiments est une couche de substrat Graviflor ép 5 cm et semis de fragments de sédums ou de graines de vivaces Gravi-Fragments, composé d’un mélange de mousses, sédum et plantes vivaces. (Pour rappel : la LPO a demandé minimum 10 cm de substrat avec de la végétation variée rappelant celui du jardin.)
  • au point B/ :
    En phase chantier, il sera mis en place des nichoirs sur une tour puis à la fin de l’opération des nichoirs seront posés sur les murs de façades.

Seul le dernier point est concret mais sans réelle compensation de végétation digne d’un habitat décent pour les animaux.

N’hésitez pas à écrire à Edifim.

Merci de nous aider en diffusant l’article autour de vous et venez photographier et filmer ce qu’il se passe pour visibiliser la biodiversité et ses richesses que l’on entrain de perdre dans cette belle ville de Chambéry, tout en espérant mieux la retrouver quand le vent aura tourné c’est à dire quand l’écologie sera une priorité politique. L’écologie est une science ce n’est pas un parti politique !!!

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