PROJET D’URBANISME : pour des futures concertations systématiques tripartites mairie / habitant / promoteur ?!!

Dans les quelques coins arborés en ville, celles et ceux qui savent observer trouveront un monde riche en biodiversité : des êtres vivants plutôt petits et discrets, insectes, petits mammifères, oiseaux, navigants entre les différentes strates de végétation, herbes, fleurs, arbustes, fruitiers et grands arbres…

Les espaces verts de pleine terre que l’on trouve en ville sont les parcs, souvent très fréquentés, mais surtout des jardins privés qui représentent à Chambéry les 3/4 de la surface des espaces verts de la ville (source : réunion publique de la ville mai 2023).

Chambéry accueille de plus en plus d’habitant-es. Le SCoT (Shéma de Cohérence teritorriale) prévoit une augmentation d’1/4 de la population d’ici 2030 sur tout Grand Chambéry. Nous comprenons qu’il est nécessaire de densifier la ville pour éviter de grignoter notre campagne (quoique technolac avec la ZAC n°3 souhaite se développer sur des terres agricoles).
Les bâtiments désaffectés (anciens bureaux, internat, hangar, usines) et les vieilles maisons entourées traditionnellement de jardin privé, onéreuses à rénover sont les cibles privilégiées pour les promoteurs qui souhaitent les remplacer par de futurs résidences. Ces petites propriétés du milieu du 20ème siècle constituent grâce à ses jardins diversifiés d’arbustes, de bosquet, de vergers, de grands arbres, de haies, des écosystèmes, établis de longue date et très favorables à la biodiversité notamment pour des espèces protégées comme les chauves-souris, les écureuils… L’ensemble de ces jardins forme des trames vertes dans la ville.

Bien que la loi environnementale française exige des études écologiques pour estimer l’impact de tous travaux sur l’espace naturel et d’appliquer le principe ERC, Eviter, Réduire, Compenser, l’espace urbain, étant morcelé de multiples parcelles de propriétés faisant moins d’1 hectare, échappe malheureusement à cette réglementation. Le résultat est que de nombreuses espèces voient leur habitat (lieu de nourrissage, hibernation, reproduction) détruit, ce qui accroît leur déclin et menace leur survie. Cette destruction silencieuse de la biodiversité est le résultat d’ignorance, de méconnaissance ou de désintérêt.

Le plus grand observateur de la biodiversité de ces jardins c’est vous, c’est moi, le voisinage. Néanmoins, les riverains, même vigilants, sont démunis de moyens face à ces destructions et se sentent seuls pour protéger des espèces menacées. Par cet article, nous vous proposons quelques pistes d’actions, à expérimenter. Si un permis de construire a été accepté, un panneau l’indiquera.

Le plan local d’urbanisme de sa commune est un document central d’urbanisme qui fixe les règles d’aménagement et d’utilisation des sols, composé d’un règlement graphique et écrit, consultable en mairie ou en ligne.

les OAP (Orientation d’Aménagement et de Programmation) sectorielles précisent la qualité et la cohérence des aménagements, s’il existe dans le secteur recherché.

Facultative, il peut exister une OAP thématique sur la nature en ville. Celle de Chambéry est en cours d’approbation (fin 2024).

Il est difficile pour des amateurs que nous sommes de comprendre ces documents mais vous pouvez poser vos questions au service urbanisme de la ville puis avec de la patience, de la recherche et plusieurs cerveaux, il est possible de trouver des éléments intéressants et de contester une autorisation d’urbanisme, lettre de recours gracieux puis contentieux. Pour ce dernier recours, c’est une procédure qui, avec ou sans avocat, peut avoir un coût financier élevé en milliers d’euros.

La liste des espèces protégés se trouve :
– pour les mammifères dans l’arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection.
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000000649682

– pour les oiseaux dans l’arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection.
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/JORFTEXT000021384277

Si vous observez une espèce protégée :
1- prenez alors contact avec des associations de la protection de la nature de votre secteur comme France Nature Environnement ou la Ligue des Protections des Oiseaux.
2- Signalez- le au promoteur et propriétaire ou tout autre acteur concerné par le lieu impacté ainsi que la commune (services de l’urbanisme), leur demander ce qu’ils comptent faire pour éviter de détruire l’espace vital de l’espèce protégé. La loi s’applique quel que soit la surface pour les espèces protégées.
Ces associations savent interpeler les services environnementaux de l’Etat, au niveau régional la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) et au niveau départemental la DDT (Direction Départementale des Territoires).

Si vous êtes témoin de la destruction de l’habitat de l’espèce, prenez des photos, vidéos, il est alors possible de faire un signalement par mail, à la police de l’environnement représenté par l’Office Français de la Biodiversité (OFB). https://www.ofb.gouv.fr/auvergne-rhone-alpes. Ce service constate uniquement l’ampleur des dégâts (La police arrive après le crime, pas avant) et fait un rapport à la DREAL qui décidera des actions à venir.

  • Pour que les elu-es enclenchent à l’échelle intercommunale, une modification du PLUi HD et intègre des mesures de protection de la biodiversité en ville.

La modification n°4 du PLUi HD de Grand Chambéry est en cours afin d’intégrer, entre autres, une OAP Nature en ville et un coefficient de pleine terre à conserver sur chaque parcelle de la commune de Chambéry. Pendant les enquêtes publiques, il est possible de faire des retours sur le contenu du projet de modification. Un avis est alors rédigé par un commissaire enquêteur qui résume ces contributions et sera remis au conseil communautaire de Grand Chambéry pour le vote d’approbation. L’avis n’est que consultative et n’est pas contraignante pour le vote.

  • Pour commander à la commune un inventaire faune flore complet sur tous les espaces verts publics et privés en s’appuyant sur les observations des citoyen-nes en lien avec des associations de protections de la nature. Cet atlas de la biodiversité servirait de base de préconisations pour toutes demandes de travaux notamment de permis de construire.
  • Pour demander que des études, l’atlas de la biodiversité, la cartographies des trames vertes et bleues et des arbres publics et remarquables soient publiques.
    Le dialogue peut se faire entre autre par les conseils de quartiers, les réunions publiques.

vous pourriez établir une clause de vente pour trouver l’acquéreur qui gardera la partie jardin.

Vous pourriez :

Dès qu’il y a de la végétation notamment des arbres sur une parcelle à construire, vous, maître d’ouvrage, vous pourriez vous renseigner avant l’achat du terrain des bienfaits du jardin pour le quartier par de la concertation en lien avec la mairie. Vous pourriez d’emblée aussi conserver le jardin dans le projet immobilier et faire réaliser un inventaire faunistique et floristique. Actuellement, cela repose uniquement sur votre sensibilité de maître d’ouvrage.

Une fois le chantier démarré, vous employé-es de terrain êtes les premiers à observer la présence ou la trace d’animaux comme de multiples nids d’hirondelles ou de martinets (l’OFB estime à 1/3 la disparition de nos oiseaux communs). Vous avez la possibilité d’utiliser votre droit de retrait et ainsi de ne pas détruire, vous pourriez faire remonter vos observations à votre hiérarchie ou à une association de défense de l’environnement. Actuellement, cela repose uniquement sur votre sensibilité, vous employé-es et responsables maître d’œuvre pourriez faire remonter l’info au maître d’ouvrage pour qu’il prenne des dispositions.

  • Vous et plus spécifiquement le service urbanisme et transition écologique, pourriez plus systématiquement, à votre initiative et non celles des habitants concernés, organiser des concertations préalable maître d’ouvrage / habitant-es / experts de la biodiversité afin de recueillir les avis d’usages et éviter les désaccords de toute part.
  • Vous pourriez, et vous le faîtes en partie déjà, modifier le PLUiHD pour intégrer juridiquement la préservation de la nature en ville et la faire appliquer.
  • Vous pourriez éditer un guide apportant une vision globale d’une ville végétalisée et résiliente au changement climatique à destination des acteurs -trices de la construction.
  • Vous pourriez éditer et consulter l’atlas de la biodiversité avant toute délivrance de permis de construire.

voir ci-dessus : 1/ regarder les documents d’urbanisme, 2/ observer, 3/ dialoguer.

Vous pourriez être vigilant et observer la vie de votre quartier, vous organiser en collectif ou en association pour mutualiser les observations et les « revendications », vous pourriez faire partie du conseil de quartier, dialoguer avec les élu-es et faire pression sur eux (via des associations, conseil de quartier, réunion publique…), être en lien avec des associations de défense de l’environnement. Et, pour les plus motivé-es, vous engager dans des procédures judiciaires si aucune solution / dialogue n’a été trouvé.

Au final, il est question de volonté politique car tout repose sur la sensibilité des décideur-ses. Lorsqu’il est question d’aménagement, de construction dans un quartier mettant en jeu des surfaces arborées, végétalisées, en tant que collectif, nous aspirons à une concertation systématique et tripartite avant la délivrance de permis entre :

  • la mairie et ses services urbanisme et transition écologique
  • les riverains accompagnés d’associations de défense de l’environnement reconnues
  • et le promoteur (maitre d’ouvrage) / propriétaire de la parcelle concernée.

Les riverains ont l’expertise de terrain sur lequel pourraient s’appuyer les acteurs de l’aménagement pour préserver la biodiversité végétale et animale et réfléchir à comment bien vivre-ensemble dans des espaces de plus en plus dense en habitants.

Nous espérons réellement à plus de communication, à un dialogue réfléchi et responsable en amont et aux étapes clefs des projets d’urbanisme, de la part du maître d’ouvrage et de la mairie envers ses citoyen-nes que nous sommes. Il reste encore plusieurs zones en attente de construction dans le quartier Madoux – Jaurès tel que l’ancien internat Vaugelas.

Cher élus et chères élues, mettre en place une réelle concertation (et pas seulement présenter un projet d’urbanisme fini par la bonne volonté du maitre d’ouvrage) serait une preuve de votre volonté politique, d’écoute de vos administré-es et un acte fort de démocratie. Vous avez la possibilité de l’expérimenter avec des projets en lieu et place de l’ancien internat de Vaugelas.

Dans l’attente de les observer…

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