Témoignage du collectif : Que se passe-t-il ?!

Mais que se passe-t-il ?

Qu’il a été bon de pouvoir se balader sur les trottoirs longeant les jardins des maisons de Montjay, de voir des arbres, de sentir les odeurs de la terre, d’entendre les oiseaux. Tous ces sens qu’on recherche lorsqu’on habite un immeuble voisin d’autres immeubles et que des mesures de protection sanitaire nous interdisent de nous éloigner à plus d’un kilomètre de notre habitation et d’accéder au parc du Verney. Quelle chance d’avoir pu juste les voir et les ressentir à côté de nous, ces jardins, gardiens de nature, lors de nos sorties réglementées en temps et en espaces.

Quelle bonne surprise de se sentir impliqué par la mairie lors d’une concertation publique sur l’OAP (Orientations d’Aménagement et de Programmation) du secteur de l’internat de Vaugelas, d’être invité à une visio pour présenter la perspective de nouvelles habitations collectives, douces en hauteur et intégrées dans la trame verte qui relie le rond-point du stade nautique aux hauteurs de Montjay. Dommage pour ceux qui n’ont pas vu l’affiche éphémère de cette invitation dans la montée, dommage pour ceux qui n’ont pas accès au numérique et dommage pour ceux qui ne sont pas disponibles entre midi et deux. La volonté est là, et le bien faire ne peut être parfait…

Enthousiasmé de cette implication, on ajoute un petit mot sur le document de la concertation publique, sur la nécessité de préserver la butte Montjay et de ne pas affecter son entrée par des immeubles. Qu’il est agréable de voir les enfants passer par là quand ils rentrent du sport ou de Bissy, plutôt que de prendre l’avenue Jean Jaurès et risquer la vitesse des voitures. La mairie veut les faire disparaitre un jour mais, dans le présent, elles roulent toujours aussi vite ; et les promoteurs veulent les cacher dans des garages souterrains mais, dans le présent, il n’y a pas assez de places de parking pour tous les habitants ; et encore moins lorsqu’une place est réquisitionnée pour y mettre des vélos alors que la vingtaine d’arceaux prévus pour ce transport écologique qui sauvera l’avenir reste désespérément vide à côté du gymnase. Les sportifs viennent en voiture…

Alors, quel étonnement de constater la présence d’un panneau devant une des maisons gardienne de nature, qu’on chérissait tant pendant le confinement, et d’aller lire la présentation du projet de construction ! Il ne s’agit plus d’une vingtaine de logements mais d’une quarantaine. Le jardin composé d’arbres variés, d’un talus boisé ne sera plus. Les nouveaux habitants n’auront pas la chance de vivre avec.

Quel désenchantement !

Quelle incompréhension quand on regarde ces deux parcelles de 1745 m2 sur lesquelles, acté par l’autorisation du permis de construire, un quart des nouveaux logements prévus par l’OAP viendront s’entasser. Et les parcelles de l’internat (9201 m2), ce bâtiment qui attend dans toute sa hauteur et sa mocheté qu’on vienne le vendre, le détruire pour finir d’étaler les logements envisagés par cette OAP. On pourrait se rassurer, en se disant que les immeubles de ces parcelles-là auront, eux au moins, une petite hauteur et qu’il y aura de la verdure partout. Aux immeubles de Jaurès, on enlève le visuel de la nature et les apports fondamentaux du jardin, on augmente la densité. Aux maisons voisines de l’internat, on préservera la nature et on dégagera la vue. Quel choix !

Quelle angoisse de voir la densité envisagée à l’OAP doubler (41 logements sur 1745 m2), et qu’aucun espace de vie publique ne soit prévu dès maintenant par rapport à cette augmentation d’habitants.  

Quelle déception que les voisins directs n’aient pas été informés de ces changements de plan par rapport à ce qui avait été envisagé… Une grande partie de ces voisins subissent pourtant depuis 3 ans les travaux sur l’avenue Jean Jaurès (la CAF, l’Ehpad avec sa résidence sénior) et bientôt un nouvel immeuble de 31 logements (le Cordouan). Ces habitants vont être entourés de béton et de 72 nouveaux voisins. A cela, on leur répond qu’il faut faire de la place à ceux qui veulent venir s’installer dans notre superbe cité et ce, pour arrêter de grignoter la campagne. Quand on voit les Monts, Saint Cassin, Vimines, Bissy, le Bourget, on se dit que c’est un peu trop tard et qu’on pourrait se passer de cette petite morale culpabilisante…

Quelle déception de ne recevoir aucune réponse à la quinzaine de recours gracieux auprès du maire adressés par les habitants de ce secteur. Un peu d’espoir quand un membre d’association liée à la sauvegarde des arbres en reçoit une et sera reçu à la mairie (on se dit que même s’il n’habite pas le quartier, le souci de préservation de la trame verte sera peut-être pris en compte). Quelle énergie de devoir s’informer nous-même de cette rencontre et de devoir demander nous-même à la mairie l’autorisation d’être présent pour enfin communiquer. Et au final, rien ne se passe…

Ah si ! Un espoir s’immisce en nous quand s’organise une balade de quartier avec des habitants et des élus : une cinquantaine d’habitants du Covet à Madoux/Jaurès et 3 élus passeront devant une dizaine d’immeubles construits, en cours ou en projet de constructions. Pendant le trajet, les inquiétudes des riverains ressortent (le béton à perte de vue, le bruit des constructions incessantes, les arbres et les belles maisons qui disparaissent…) Quelques questions sont posées aux élus : comment se fait le repérage des arbres remarquables ? Y a-t-il des maisons que l’on pourrait classer afin de les sauvegarder du gargantuesque appétit foncier des promoteurs ? Y a-t-il une possibilité pour les citoyens du quartier de faire remonter des idées pour des espaces de rencontre et de vie publique ? Oui, mais pour plus tard tout ça ! On pensera à l’avenir une fois que tout sera construit… Quel regret que ces idées n’aient pas été sollicités dans le passé, avant la délivrance de tous ces permis !

Quelle frustration de voir que quelques jours plus tard, une réunion de présentation par le promoteur et l’architecte de ces immeubles est communiquée par la mairie aux habitants les plus éloignés de la future construction, et non pas à ceux des immeubles voisins des deux parcelles en question.

Que c’est risible d’entendre à cette réunion l’architecte souligner qu’une copropriété voisine à la construction n’est pas végétalisée ! Les années 60 n’attendaient que vous ainsi que les 12 arbres que vous proposez de replanter sur de la non pleine terre et à la place de la quarantaine d’arbres existants.

Quel regret de ne pas être entendu, même pour changer la moindre chose dans ce projet de 7 niveaux d’élévation, pourtant présenté en immeuble de 5 étages ! Les garages pensés pour rendre invisible la voiture, devise de la ville, seront construits sur la terre, celle-là même où des arbres et des oiseaux gardiens d’une nature dont on a tant besoin actuellement, vivent.

Quel mépris de croire que les habitants de notre quartier ne comprennent pas que des habitats doivent être créés pour loger tout le monde ! Quel mépris de ne pas entendre notre volonté de sauver un îlot de nature et de fraîcheur qui sert et servira à tout le monde. Construire la ville pour répondre aux demandes de logements, ce n’est pas faire disparaitre la nature existante et penser qu’on va la recréer, on n’a plus le temps pour ces belles pensées.

En parlant de temps, conjuguons : Mais que se passe-t-il ? Que s’est-il passé ? Que se passera-t-il ?

Le futur ne peut être décidé par ceux qui n’entendent pas le présent.

On pourrait se dire que la terre sera préservée un peu plus loin dans ce si grand quartier centre de bientôt 20 000 habitants :

Un jardin public refusé à nos voisins de Nicolas parent

Un appart city à la place d’un jardin rue Girard Madoux…

Des arbres plantés il y a quelques mois seulement dans la nouvelle construction d’Edifim rue de l’Iseran, déjà morts…

Un projet de l’Opac qui ne nous dit pas si les fruitiers seront sauvegardés…

Des arbres abattus avenue de la Boisse…

Un éco quartier sans parc du côté de Vetrotex qui n’est écologique que par son nom. 

Tout se bétonise !

Et dans les autres quartiers alors ? Et ailleurs ?

Des arbres abattus à Bellevue, les projets au parc du CHS à Bassens, à Bissy, à Technolac !

Ben non, on ne se dit plus rien, on constate que les grues se succèdent et que la pleine terre se fait béton… Certains ont rebaptisé notre ville Chambéton… Quelle honte !

Ah si !

Un réaménagement du square Delanoy de Bissy au centre-ville, un parc à la Cassine, bien nécessaire à côté de tous ces nouveaux bâtiments.

Et si on revient dans notre petite partie de quartier ? la végétalisation de l’école du stade et des corbeilles pour Jean Jaurès. D’où la nouvelle expression de Madoux/Jaurès : « au centre, rien de nouveau, si ce n’est des grues, des investisseurs et des euros… »

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